Comment votre radio VHF marine fonctionne-t-elle ?

Comment votre radio VHF marine fonctionne-t-elle ?

La VHF (Very High Frequency) est un appareil qui permet de communiquer grâce à des ondes radio hertziennes. C’est le système de communication incontournable en mer car il permet aussi bien de communiquer entre navires que d’émettre et recevoir des appels de détresse et de sécurité

Dans cet article nous faisons un tour d’ensemble de ce qu’il faut savoir au sujet de ce système de communication.

 

Fonctionnement général d'une VHF

Généralités

 

La radio VHF est un mode de communication qui fonctionne grâce à l’émission et à la réception d’ondes. Pour schématiser son mode de fonctionnement, le corps de la VHF est relié à une antenne qui va faire office de récepteur des ondes électromagnétiques émises par les autres radios. L’antenne va ensuite transformer ces ondes en signal électrique et en permettre ainsi la bonne compréhension. La VHF dispose également d’un micro en “push-to-talk” qui va effectuer le schéma inverse en transformer la voix en onde afin que celle-ci soit captée par les radios aux alentours.

 

L’utilité de la VHF est triple. Elle permet ainsi :

 

  • De communiquer de navire à navire : c’est le mode de communication le plus prisé en mer.
  • De recevoir et d’émettre des messages de détresse, c’est là son utilité principale et c’est ce qui en fait un élément de sécurité incontournable - et obligatoire
  • De recevoir des bulletins météos : lorsque que l’on scanne un canal VHF bien précis on peut obtenir des bulletins météos de la zone qui tournent en continu et sont actualisés régulièrement. 

 

Astuce USHIP : pour tester facilement si votre VHF fonctionne, vous pouvez effectuer un appel au CROSS de votre zone en précisant “pour essai VHF”. Le CROSS vous répondra et vous saurez ainsi si votre VHF fonctionne bien ou non.

 

Les fréquences et les canaux

 

Les ondes radioélectriques s’expriment sous forme de fréquence, qui correspond à un ratio entre la longueur de l’onde et sa rapidité de propagation, aussi appelée célérité. Les ondes VHF, dites Very High Frequency, correspondent à des fréquences comprises entre 30 et 300 MHz. La VHF marine n’utilise qu’une partie de cette plage de fréquences comprise entre 156 MHz et 162 MHz et compte 57 voies dans cette plage qui vont de 01 à 28 puis de 60 à 88 : ce sont les canaux de votre VHF.

Il est très important de noter que chaque fréquence correspond à un canal et que chaque canal est destiné à un usage bien spécifique. S’il ne sert à rien de retenir tous les canaux et leur utilité, rappelez vous tout de même des principaux canaux :

  • Le canal le plus important est le 16 : c’est le canal dédié aux appels de détresse et de sécurité. Il est obligatoire de le veiller lorsque l’on navigue.
  • Les canaux destinés aux communications entre navires : ce sont les canaux 6, 8, 72 et 77
  • Le canal réservé aux ports de plaisance est le 9. C’est sur ce canal qu’il faut donc contacter la capitainerie quand on arrive dans un port et que l’on souhaite obtenir des renseignements.
  • Les canaux réservés aux CROSS sont les suivants : 3, 4, 67, 68, 13, 87 et 88

 

De manière générale, lorsque vous naviguez vous devez à minima effectuer une veille sur le 16. L’idéal est d’effectuer une double veille entre le 16 et un canal navires-navires. Ne communiquez pas sur les autres canaux que ceux réservés aux communications entre navires ou aux appels de détresse, sous peine d’encombrer le trafic sur des canaux réservés à des professionnels comme la Marine Nationale, les CROSS, les surveillants de plage ou les autorités portuaires.

 

Il existe deux types de transmission de la parole : les transmissions en simplex ou en duplex. 

En simplex, un canal est attribué à une seule fréquence et la parole n’est émise ou réceptionnée que sur cette seule fréquence. La principale conséquence est que l’on ne peut pas parler en simultané : chacun des deux interlocuteurs est obligé d’attendre que l’autre ait fini de s’exprimer pour pouvoir à son tour parler. C’est le cas par exemple du canal 6 et de tous les canaux réservés aux communications entre navires.

En duplex, un canal dispose de deux fréquences, l’une réservée à l’émission et l’autre à la réception. Il est alors possible de parler en même temps, comme au téléphone. C’est par exemple le cas du canal 79 de votre VHF, canal réservé aux CROSS.



Présentation des touches classiques


1 : Changer de canal en augmentant

2 : Gestion du volume, la plupart du temps sous forme d’une molette

3 : Changer de canal en diminuant

4 : Réglage du squelch sous forme d’une molette. Le squelch est le réglage qui permet d’obtenir la meilleure réception possible. Pour le régler de manière optimale, il faut tourner la molette jusqu’à obtenir un grésillement, puis tourner très légèrement la molette dans l’autre sens jusqu’à ne plus entendre ce grésillement. Vous saurez ainsi que votre squelch est bien réglé.

5 : Nouton de détresse, disponible uniquement sur les VHF avec fonction ASN. Pour en savoir plus au sujet de l’ASN, vous pouvez vous reporter à la fin de cet article.

6 : Raccourci vers le canal 16 pour la détresse et la sécurité. Il permet de passer en une seule pression sur le canal 16.

7 : Bouton permettant la double-veille (dual watch). La double veille est très utile car elle permet de garder une oreille permanente au canal de détresse. Pour enclencher cette veille, positionnez votre VHF sur le second canal que vous souhaitez veiller, le 72 par exemple, et appuyez sur le bouton “DUAL” ou “DW”. La VHF scannera automatiquement le canal choisi en plus du canal 16.

8 : Bouton permettant de régler sa puissance d’émission entre High (25W) et Low (1W). Ce bouton permet de basculer de la puissance d’émission normale (25W) à une puissance d’émission réduite à 1W. Cela possède l’avantage notable de consommer moins d’électricité, mais aussi de ne pas brouiller les ondes dans le cas où plusieurs bateaux à quelques milles d’écarts utiliseraient le même canal.

9 : Bouton de mise en tension ou hors tension

 

Bon à savoir : il est interdit d’utiliser sa VHF à terre, cet appareil est réservé à un usage maritime !




Les messages de détresse

Comme nous le disions précédemment, la principale fonction de la VHF est avant tout de passer des messages de détresse et de sécurité. Et l’émission ainsi que la réponse à ces messages est très codifiée.

 

Il existe 3 types de messages de détresse qui viennent chacun dans leur ordre de priorité :

  • Le plus important est le “MAYDAY”, c’est le message de détresse absolue. Il est utilisé en cas d’avarie, lorsqu’une personne est sous la menace d’un danger grave et imminent. Il est utilisé en cas de voie d’eau importante, d’incendie, d’homme à la mer ou encore d’échouement. Lorsqu’un tel message est diffusé sur le canal 16 il est primordial de bien noter toutes les informations délivrées afin d’être prêt à venir en aider au navire en détresse.
  • Vient ensuite le “PANPAN” en terme de priorité. Ce message permet de signaler un incident concernant la sécurité du navire ou d’une personne. Cela peut être une demande de remorquage car le navire part à la dérive ou concerner un malade/blessé.
  • Finalement, le message “SECURITÉ” permet de signaler tout danger concernant la navigation : le marquage d’un conteneur dérivant, l’annonce d’un coup de vent supérieur à force 7 n’ayant pas été annoncé à la météo. Ce message précède en terme d’importance le BMS ou l’AVURNAV.
 

Bon à savoir : ne pas veiller le 16 et ne pas porter assistance à un navire passant un appel de détresse sur ce canal peut être considéré comme de la non-assistance à personne en danger, si vous êtes le navire le plus proche de l’accident. Restez toujours en veille sur ce canal, quoi qu’il arrive !

 

VHF fixe ou portable ?

 

Les VHF portables modernes possèdent globalement les mêmes caractéristiques que les VHF fixes, bien que leur puissance d’émission ne dépasse pas les 6W. Dans la majorité des cas, ce sont des appareils étanches aux éclaboussures et aux poussières, voire totalement étanche à l’immersion.

Il est obligatoire de posséder une VHF portable en plus d’une VHF fixe lorsque l’on navigue au-delà de 60 milles d’un abri. Mais outre la réglementation, la VHF portable représente aussi un confort et un élément de sécurité non négligeable. C’est l’appareil idéal lorsque l’on mouille et que l’on veut rejoindre la terre en toute sécurité, elle est également idéale à placer dans un grab bag en cas d’incident en mer. Certains bateaux ne possèdent pas de haut-parleurs dans le cockpit, dans ce cas la VHF portable peut être utilisée pour faire de la veille en extérieur.



              





Réglementation

La VHF est-elle obligatoire ?

La VHF est un appareil très réglementé du fait de son utilité dans la sécurité en mer. Voici ce que dit la Division 240 à son sujet :

 

  • Dans les zones basiques et côtières, jusqu’à 6 milles d’un abri, il n’est pas obligatoire d’avoir une VHF fixe ou portable
  • Dans la zone semi-hauturière, entre 6 et 60 milles d’un abri, il est obligatoire d’avoir à bord une VHF fixe
  • Dans la zone hauturière, au-delà de 60 milles d’un abri, il est obligatoire de posséder une VHF fixe ET une VHF portable.

 

Nous parlons ici d’obligations légales, mais il faut bien garder à l’esprit qu’en mer le danger existe dès lors que l’on navigue, et même à faible distance d’une côté. Nous vous conseillons donc de vous équiper à minima d’une VHF portable dans la zone côtière, même si celle-ci n’est pas obligatoire : la sécurité n’est pas quelque chose avec laquelle on transige, surtout en mer.

Licence VHF

Lorsque l’on possède une VHF, qu’elle soit fixe ou portable, avec ou sans ASN, il ne faut pas oublier de demander une autorisation administrative appelée “licence”. Cette licence est gratuite et doit être renouvelée tous les ans. Elle mentionne notamment les coordonnées du titulaire, les informations du navire, son indicatif d’appel, son numéro MMSI et les détails du matériel radio à bord.

Pour obtenir cette licence, il faut simplement justifier d’un numéro d’immatriculation délivré par les affaires maritimes et faire la demande à l’ANFR.

 

Bon à savoir : la licence est très importante car elle contient notamment l’indicatif d’appel du bateau. C’est cette série de chiffres et de lettres qui doit être dite lorsque l’on passe un appel de détresse pour que les secours puissent identifier le navire.

Qui peut utiliser une VHF ?

 

La VHF ne s’utilise pas n’importe comment ni par n’importe qui. Là encore, il existe un certain nombre de règles. Tout d’abord, il faut faire une distinction entre les eaux territoriales françaises et les eaux internationales. Dans les eaux internationales, il faut passer le Certificat de Radiophonie Restreint pour pouvoir utiliser une VHF marine, qu’elle soit fixe ou portative.

Ensuite, dans les eaux territoriales françaises, voici ce que préconise la réglementation en vigueur :

 

  • L’utilisation d’une VHF marine portative sans ASN d’une puissance de 6 watts maximum ne demande aucune qualification spécifique : ni CRR, ni permis de plaisance, aussi bien en navigation fluviale que maritime.
  • Pour tous les autres types de VHF (fixes, portatives avec ASN) il faut soit avoir le permis de plaisance, qui inclut maintenant un module VHF, soit le CRR et ce aussi bien en navigation fluviale que maritime.



Pour résumer l’aspect réglementation, il est important de noter que posséder une VHF devient obligatoire au-delà de 6 milles d’un abri. D’autre part, utiliser une VHF portable d’une puissance inférieure à 6 watts ne requiert aucune qualification spéciale, tandis que pour les autres types de VHF il faut posséder le permis de plaisance ou le CRR. Nous rappelons tout de même que la VHF marine est un élément de sécurité primordial en mer, nous vous conseillons donc de vous équiper à minima d’une VHF portative et vous renseigner sur son usage et sa mise en oeuvre, même si cela n’est pas exigé aux yeux de la loi : safety first !



Fonctionnalités et appareils spécifiques

 

Jusque là nous avons abordé le fonctionnement des VHF marines “classiques”. Mais de nos jours, de nombreuses technologies viennent s’ajouter à ces radios pour en faire des outils de communication toujours plus performants et efficaces.

 

La technologie ASN

 

L’Appel Sélectif Numérique, ou Digital Selective Call en anglais, est une technologie qui est présente sur la totalité des VHF marines proposées chez USHIP. Les VHF ASN possèdent une fonction supplémentaire qui permet l’émission très rapide de messages de détresse numérique. Ces messages sont pré-enregistrés dans la VHF et codés avec le numéro MMSI du navire pour que les secours obtiennent immédiatement un maximum d’informations sur le navire en détresse. Cette technologie est couplée à un interfaçage avec votre GPS, qui permet d’envoyer directement vos coordonnées par la même occasion, afin que les secours arrivent rapidement.

L’ASN se matérialise par la présence d’un bouton rouge “distress” qu’il faut enfoncer au moins 5 secondes pour émettre automatiquement le message de détresse. Les VHF marines équipées de l'ASN  proposent aussi de sélectionner un message de détresse plus détaillé dans le menu afin de pouvoir indiquer la cause de la détresse.


     





AIS et GPS

Les modèles les plus perfectionnés de VHF marine intègrent désormais des antennes GPS et des émetteurs/récepteurs AIS.

L’ajout d’une antenne GPS intégrée permet notamment d’inclure une fonction “Man Over Board” (homme à la mer) qui, par appui long sur le bouton, permettra de cibler précisément la position au moment de la chute de la personne à la mer afin de pouvoir venir la récupérer bien plus rapidement. 

L’AIS fonctionne sur les mêmes plages de fréquence radio que la VHF marine. Sa principale utilité est de pouvoir cibler les bateaux autour de soi et éviter les collisions. Posséder une VHF AIS connectée au reste de votre électronique permet d’éviter d'acquérir un émetteur/récepteur dédié à cette seule fonction et ainsi gagner en place et en facilité d’installation puisque tous vos appareils, s’ils sont connectés en NMEA, pourront recevoir le signal de l’AIS via votre VHF.







La BLU

 

Ici nous abordons un appareil bien différent de la VHF marine classique. La BLU est aussi un système utilisant des ondes électromagnétiques. Ce qui différencie la BLU de la VHF c’est le type d’ondes qu’elle transmet et reçoit. En effet, la BLU fonctionne avec des ondes courtes qui sont réfléchies par l'ionosphère. De ce fait, elles sont capables de parcourir des distances bien supérieures aux ondes plus longues de la VHF, sans être altérées. Cela permet de communiquer avec des navires ou des secours sur des distances bien supérieures à la VHF marine, jusqu’à plusieurs centaines de milles contre une vingtaine pour la VHF.

S’équiper d’une BLU peut donc s’avérer très utile lorsque l’on navigue sur de longues distances ou que l’on effectue des traversées océaniques.   

Recommandations pour choisir sa VHF 

Pour conclure ce tour d’horizon du fonctionnement d’une VHF, voici nos quelques recommandations pour savoir quel appareil choisir dans la large gamme proposée par USHIP :

  • Si vous naviguez dans une zone basique ou côtière, à moins de 6 milles d’un abri, nous vous recommandons de vous équiper d’un modèle simple de VHF marine portative. Même si elle n’est pas obligatoire dans cette zone, ce n’est pas un équipement très onéreux et qui ne requiert aucune qualification spécifique, mais elle peut vous sauver de situations délicates. Orientez vous vers un modèle simple comme la RT411 ou la RT420+ de chez Navicom
  • Si vous naviguez dans la zone semi-hauturière, jusqu’à 60 milles d’un abri, équipez vous en priorité d’une VHF fixe car c’est obligatoire. Lorsque l’on navigue à proximité des côtes, il peut être utile de posséder un modèle intégrant l’option AIS afin d’obtenir des détails sur les navires alentours et une alerte anti-collision. Nous vous conseillons donc de choisir la VHF RT750 ASN si vous possédez déjà un transpondeur AIS, ou le même modèle mais avec l’option AIS si vous n’en possédez pas.
    Si votre bateau n’est pas équipé de haut-parleurs dans le cockpit, nous vous recommandons vivement d’investir également dans une VHF portable. Elle pourra vous servir à maintenir une veille même en extérieur, et pourra être embarquée en plus dans votre radeau de survie en cas d’avarie.
  • Si vous naviguez au-delà de 60 milles d’un abri, posséder une VHF fixe et une VHF portative devient obligatoire. Orientez-vous vers des modèles plus perfectionnés intégrant une antenne GPS et un émetteur/récepteur AIS si possible. Ces technologies vous permettront d’être repérés bien plus rapidement en cas d’incident, et cela peut faire une nette différence lorsque l’on est en pleine mer et que les secours peuvent déjà mettre quelques jours à venir sur zone. Orientez-vous donc vers des modèles comme la VHF RT750 AIS V2 avec antenne GPS intégrée. 
    Vous pouvez également songer à vous équiper d’une radio BLU afin de communiquer plus facilement et rapidement avec les secours à terre, sans avoir besoin de déclencher pour autant tout un système de détresse.