Les conseils sécurité d'Axel Trehin avant de partir en mer

Les conseils sécurité d'Axel Trehin avant de partir en mer

La notion de risque, et du même coup celle de sécurité, est présente dans mon esprit dès l’instant où je pars en mer. Pour moi, il est inconcevable de prendre du plaisir sur l’eau si j’ai le moindre doute sur ma capacité à réagir en cas de pépin, ou sur la qualité du matériel qui doit me permettre de me tirer d’une éventuelle situation d’urgence.
La voile étant un sport particulièrement psychologique, c’est cette confiance en mes compétences et en mon équipement qui va me permettre de me concentrer pleinement sur ma course et de performer sur l’eau. Mais pour en arriver là, cela nécessite une préparation importante, du marin comme du bateau !

Les règles élémentaires du naviguant



Comme n’importe quel plaisancier, nous appliquons à bord d’un voilier de course les règles de base de la sécurité en mer, et nous avons toujours en tête de nous préserver des risques de chute, d’hypothermie, de blessure ou encore de déshydratation.

A bord, mon coéquipier et moi-même avons donc par exemple un gilet de sauvetage, en l’occurrence le modèle 220N de chez Uship, qui répond parfaitement à nos attentes puisqu’il nous permet de nous déplacer comme des chats à bord tout en assurant notre sécurité. Ce sont des gilets-harnais, c’est-à-dire que le gilet gonfle si on tombe dans l’eau, mais c’est aussi lui qui nous permet d’être accroché au bateau à l’aide de la longe… Or on le sait, c’est vraiment la première des sécurités, et quand on se pose la question de savoir si c’est nécessaire ou pas, c’est que ça l’est !
Assez classiquement, on retrouve également à bord toute une gamme pyrotechnique, avec des feux à main et des fusées de détresse, ou encore nos indispensables « flashlights » qui nous servent constamment à bord !

Et des spécificités de la course au large !



En dehors de ces éléments de base qui concernent n’importe quel navigant, nous sommes en outre très encadrés par des règles émises à la fois par la Class40, catégorie à laquelle appartient le bateau « Project Rescue Ocean », mais aussi aux OSR (Offshore special regulations), qui, en fonction de la taille et du programme du voilier, définissent un certain nombre d’éléments obligatoires à bord.

Dans notre cas par exemple, avec notre programme actuel qui comprend la Transat Jacques Vabre en 2021 et la Route du Rhum en 2022, nous avons obligation d’avoir à bord un radeau de survie. Cependant, si nous devions prendre le départ d’un tour du monde, nous serions obligés d’en avoir un second à bord.

Nous avons également pour obligation d’avoir des feux de navigation de rechange, différentes bouées de récupération d’hommes à la mer, ou encore deux mouillages distincts – l’un très lourd et l’autre plus léger pour plus de réactivité.

Plus spécifique à la Class40, nous avons à bord de nos bateaux des compartiments étanches - l’un à l’arrière de l’étrave, l’autre à l’avant du tableau-arrière – afin qu’en cas de choc avec un ofni, le bateau ne soit pas instantanément envahi d’eau.

Nous avons évidemment de nombreux moyens de communication, tels qu’une balise satellite et une balise EPIRB 406 MHz propres au bateau, mais aussi une dans chacun des gilets, ainsi que des balises AIS individuelles, qui vont émettre en cas de chute à la mer pour les phases de récupération requérant de la précision. On en a constaté encore récemment l’importance lors du sauvetage de Kévin Escoffier par Jean Le Cam sur le Vendée Globe !

Une indispensable préparation


Mais cela ne suffit pas d’avoir tout ce matériel à bord si on ne sait pas l’utiliser de manière intelligente ! Nous avons donc pour obligation de suivre régulièrement des stages de survie pour nous former à l’utilisation de cet équipement de sécurité, mais aussi à la connaissance des procédures de secours.

Concrètement, on apprend par exemple quelle chaîne se met en place lorsqu’on déclenche telle ou telle balise, ou comment cela se passe en cas de récupération par un hélicoptère ou un cargo ! L’enjeu, c’est de pouvoir dérouler mentalement un scénario clair dans chaque cas d’urgence pour minimiser l’improvisation et le risque de suraccident.

De la même manière, lorsque je sors naviguer, c’est toujours que le bateau est prêt pour cela. Pour moi, la sécurité en mer commence dès le jour de la mise à l’eau, entre la grue et le ponton : je m’assure par exemple d’avoir un mouillage prêt à l’emploi à bord pour pouvoir parer toute panne moteur éventuelle, et me donner le temps de solutionner le problème sans prendre de risque pour le bateau ou pour les marins à bord !

Des règles en constante évolution



Nous avons aujourd’hui la chance immense de bénéficier du retour d’expérience de nombreux marins, et de pouvoir ainsi naviguer de manière plus sécurisée que par le passé. Car dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, les progrès ont été énormes, et il faut donc toujours se tenir informé des évolutions.

Par exemple, une des dernières règles OSR à avoir été modifiées concerne le sac de sécurité qui doit être à proximité du radeau de survie, et contient des rations de survie, une VHF de secours ou encore de l’eau. Jusqu’à peu, ce sac avait une forme contrainte : il s’agissait soit d’un bidon, soit d’un sac étanche. Mais les retours de marins ont permis de faire changer les choses et les sacs à dos sont aujourd’hui acceptés.

Pourquoi ? Tout simplement parce qu’on s’est rendus compte que cela permettait au marin d’avoir les deux mains libres, ce qui est évidemment utile dans une situation d’urgence… Cela peut paraitre anodin, mais c’est le genre de petits détails qui peut faire la différence quand on se retrouve dans une telle situation !