Comment naviguer en sécurité l'hiver ?

Comment naviguer en sécurité l'hiver ?

Tout le monde ne laisse pas son bateau au sec une fois l’hiver venu. Vous faites partie de cette catégorie d’invétérés ? Cette page s’adresse à vous ! Naviguer même en hiver c’est profiter des coups de tabac pour s’éprouver et progresser, mais il faut le faire en toute sécurité.
Dans cet article nous vous proposons tous nos conseils pour être paré à naviguer en toutes circonstances, que la météo soit clémente ou non !

Avant de partir en mer

Vérification du bateau

Avant de partir en mer, il est toujours important de vérifier l’état général de son bateau et de son armement de sécurité. Et quand on navigue en hiver, c’est d’autant plus important !

Il faut donc faire un tour de la coque et du pont de votre bateau. Sur un voilier, on inspecte aussi soigneusement le gréement : on vérifie si le mât est bien droit et ne tend pas d’un côté ou de l’autre. On regarde également les cadènes : il ne doit pas y avoir de rouille ou de gendarme visible. Pensez à bien vérifier la présence de goupilles ou d’anneaux brisés et les protéger si nécessaire ! Le must, c’est d’utiliser un protège-ridoir : cela empêchera les voiles de frotter directement sur les ridoirs, de s'abîmer et de faire sauter les goupilles ou les anneaux brisés.

Si tout est en ordre à l’extérieur, vous pouvez passer à l’intérieur de votre navire. Faites le tour des éléments de sécurité et des dates de péremption : validité des gilets de sauvetage, du BIB si vous en possédez, des feux de détresse. Testez aussi l’électronique de sécurité : pompe de cale, GPS, VHF… Enfin, vérifiez que les fonds sont bien secs. Et avant de partir en mer, pensez à fermer les vannes "de service" et les hublots.

L'équipage est-il en bonne condition ?

Ici, il s’agit de vérifier l’équipement, la forme physique et mentale de votre équipage. La réussite de votre sortie dépend largement du facteur humain, et d’autant plus si vous prévoyez une sortie de plusieurs jours, une croisière côtière ou hauturière.

En hiver, vous n’êtes pas sans savoir que les températures diminuent. Il faut donc que tout le monde ait des vêtements chauds, en quantité suffisante. L’idéal est d’empiler les couches : commencez par une couche dite “thermique” : ce sont des vêtements à manche longues, assez fins, construits dans un tissu technique. Ils absorbent la transpiration et permettent la ventilation sans devenir trop humides. Ensuite, on peut ajouter une couche en coton classique, une ou plusieurs polaires selon la frilosité de la personne, en commençant par des polaires fines pour aller vers des vêtements plus épais. On finit par une veste de quart bien imperméable et coupe-vent. Un bonnet, des gants et des bottes bien imperméables viendront compléter cette panoplie. Notre “chouchou” en terme d’équipement de la personne, ce sont les chaussettes étanches : avec ça, vous aurez toujours les pieds au sec et au chaud !

    

Bon à savoir : le vent fait considérablement diminuer la température ressentie ; on peut rapidement perdre 5° à 10°C selon l’intensité du vent ! Le coupe-vent est donc impératif pour ne pas ressentir les effets du vent hivernal.

Vos équipiers ressemblent à des bibendums mais peuvent tout de même se mouvoir ? C’est parfait ! Maintenant, il faut veiller à leur état physique et mental : sont-ils en forme ? Ont-ils bien dormi ?

En temps que skipper de votre bateau, vous êtes aussi un peu leur “maman”. Sans en faire des tonnes, il est vraiment important de veiller à ce que tout le monde soit à son aise, heureux d’aller sur l’eau et prêt à affronter les éléments !

Préparer sa navigation, ranger et informer

Avant d’aller naviguer, il est impératif de bien ranger son bateau : vous éviterez ainsi que des choses ne tombent, se renversent ou se brisent. Parfois, un gros accident est la résultante de plusieurs petites choses anodines. C’est aussi le moment pour rendre accessible tout ce qui doit l’être : les vêtements chauds doivent être à portée de main pour être rapidement enfilés. Il faut aussi prévoir de la nourriture facile à attraper et à manger, ainsi que de l’eau en quantité suffisante : en mer, on se déshydrate très vite sans s’en rendre compte. Il est impératif d’avoir toujours au minimum une bouteille d’eau potable dans le cockpit… Ou un thermos de café chaud !

Vous pouvez ensuite préparer votre navigation. Et ce n’est pas un gros mot ! Il s’agit simplement de définir une zone ou un périmètre dans lequel vous allez évoluer.

Vous prévoyez une sortie plaisir, une balade sans destination précise ? Prévoyez une zone limitée en fonction des conditions météos, repérez les abris potentiels au cas où la météo se dégrade, calculez quelques distances rapidement, faites du repérage ! Cela ne prend qu’une dizaine de minute et peut vous sauver de certaines situations. Le but, c’est de toujours avoir à l’esprit une direction et une distance approximative d’un abri ou d’une zone calme pour pouvoir s’abriter.

C’est aussi le moment pour bien vérifier sa météo : la situation générale puis côtière et éventuellement une météo locale plus précise. En fonction d’où vous naviguez, regardez aussi la marée : le courant peut avoir une influence non négligeable sur l’état de la mer et à certains endroits on ne se risque pas à passer si le courant est contre le vent. Bien entendu, si un Bulletin Météorologique Spécial est en cours, soyez d’autant plus prévoyant.

  météo marine

Bon à savoir : 70% d’une sortie en mer et de son déroulement dépend de sa préparation et de son anticipation!

Essayez si possible de prévenir une personne à terre. Informez-la de la destination ou la zone de navigation, la durée de votre sortie et le nombre de personnes à bord.

Pendant votre navigation

Vous avez vérifié la météo, rangé votre bateau, repéré les abris potentiels, le moteur est démarré et vous vous dirigez vers la sortie du port pour profiter d’un plan d’eau désert… Vous êtes fin prêt à vous délecter de la belle journée qui s’annonce !

Pour en profiter dans des conditions optimales, quelques points sont à surveiller durant votre navigation...

Faim, froid, fatigue : les 3 leviers du mal de mer

Le pire ennemi du marin, c’est le mal de mer. Et face à lui, nous sommes tous égaux, même les marins les plus aguerris ! Nous abordons ici le mal de mer dû à des circonstances externes, autres que les problèmes d’oreille interne qui touchent une faible partie de la population.

Car dans 80% des cas, le mal de mer est dû aux “trois F” :

  • La Faim : partir le ventre vide en mer n’est vraiment pas une bonne idée. Votre estomac va remuer dans tous les sens, gargouiller et affaiblir votre organisme. Avant de partir en mer, il faut avoir mangé… Mais mangé normalement, ni plus ni moins que d’habitude. Sustentez-vous convenablement avant de partir en mer et vous aurez la forme durant toute la navigation ! Gardez toujours un petit encas à portée de main. Dès que la moindre petite faim approche, ne vous retenez pas : mangez !
  • Le Froid : c’est sans doute le meilleur ami du mal de mer. Rien de pire que de trembloter dans le cockpit, roulé en boule derrière la capote ! Encore une fois, cela affaiblit votre organisme et le rend vulnérable au moindre petit dérèglement. Alors pas d’hésitation : au premier petit frisson, on ajoute une couche ! Et tant pis si on ressemble au bonhomme Michelin.
  • La Fatigue : c’est la plus délicate à gérer. En général, on commence à avoir un coup de barre dès que l’on est un peu barbouillé. Et bien souvent, le premier réflexe, c’est de rester dehors à respirer l’air frais… Parce qu’on a peur d’être vraiment malade en rentrant à l’intérieur. Respirer profondément, se concentrer sur l’horizon ou prendre la barre sont autant de bons remèdes contre le mal de mer. Toutefois, si la fatigue commence à vraiment se faire sentir, il ne faut pas hésiter un seul instant et aller s’allonger confortablement dans sa cabine. Un petit somme d’une demi-heure, ou même 10 minutes, et vous serez reparti comme en quarante !
  • Et juste pour vous, un petit “F” bonus : la Frousse. Si vous avez peur d’être malade, il y a de grandes chances que vous le soyez. Alors pas d’appréhension : partez serein en mer et si vous avez bien suivi nos conseils, tout devrez très bien se passer !

  

Évolutions météos

On a beau avoir soigneusement pris sa météo avant de partir, celle-ci est parfois imprévisible. Pensez de temps à autre à observer le ciel et l’horizon à la recherche de formation de nuages ou d’assombrissement. Vous pouvez également veiller le canal 63 de la VHF, qui diffuse des bulletins météos en boucle, en plus du canal 16 pour les appels d’urgences. Pour apprendre et comprendre les phénomènes météos, nous vous recommandons la météo pour les plaisanciers. Avec le temps et ce manuel, vous saurez repérer les situations météos à risque en un coup d’oeil !

De retour au port

Vous avez bien profité de votre journée sur l’eau et décidez de rentrer au port ? N’oubliez pas de bien amarrer votre bateau. L’hiver est la saison des dépressions et coups de vent, si vous ne revenez pas tout de suite sur votre bateau vous pouvez en doubler les amarres par mesure de précaution. Un dernier tour des oeuvres mortes et vives afin de vérifier que rien n’a été endommagé durant la navigation et c’est tout bon !

Une fois que vous avez rassuré les personnes que vous aviez prévenu avant d’aller sur l’eau, il est temps d’aller débriefer au Yacht Club ou au pub du coin autour d’un chocolat chaud… Ou d’une bonne bière !